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La Légende des Jumelles

Dites-le

dans un enchaînement

rythmique.

Détail après détail

les créatures vivantes

Dites-le

comme il se doit, le rythme

ancré dans la forme.

Femme. Bras levés. Dévoreuse d’ombre.

Stan Rice, 1976

Appelle-la pour moi, souffla-t-il. Dis-lui que j’ai eu des rêves étranges, que j’ai rêvé des jumelles. Il faut que tu l’appelles.

Sa fille n’avait pas envie de le faire. Elle l’observa qui tripotait maladroitement un livre. Ses mains étaient ses ennemies désormais, répétait-il. A quatre-vingt-onze ans, il avait du mal à tenir un crayon ou tourner une page.

— Mais, papa, cette femme est sans doute morte, objecta-t-elle.

Tous les gens qu’il avait connus étaient morts. Il avait survécu à ses confrères. A ses frères et sœurs. Et même à deux de ses enfants. Plus tragique encore, il avait survécu aux jumelles, puisque plus personne ne lisait son livre. Plus personne ne se souciait de la « légende des jumelles ».

— Non, appelle-la, insista-t-il. Fais-le. Dis-lui que j’ai rêvé des jumelles. Que je les ai vues dans le rêve.

— En quoi cela pourrait-il l’intéresser, papa ?

Elle prit le carnet d’adresses et le feuilleta lentement. Tous ces gens avaient disparu depuis longtemps. Les hommes qui avaient travaillé avec son père au cours de ses nombreuses expéditions, le directeur de collection et les photographes qui avaient collaboré à la publication de son ouvrage. Même ses adversaires qui avaient déclaré qu’il gâchait sa vie, que ses recherches ne rimaient à rien. Jusqu’aux plus virulents d’entre eux, ceux qui l’avaient accusé d’avoir falsifié les documents et menti au sujet des grottes, chose que son père n’avait jamais faite.

Pourquoi serait-elle encore vivante, cette femme qui avait jadis financé ses expéditions, cette femme riche qui lui avait envoyé tant d’argent durant tant d’années ?

— Demande-lui de venir ! Dis-lui que c’est très important. Il faut que je lui décrive ce que j’ai vu.

Lui téléphoner de venir ? De s’embarquer pour Rio de Janeiro sous prétexte qu’un vieil homme avait fait des rêves étranges ? Sa fille trouva la page dans le calepin. Oui, le nom et le numéro y étaient inscrits. Avec à côté, une date, vieille seulement de deux ans.

— Elle habite Bangkok, papa.

Quelle heure était-il à Bangkok ? Elle n’en avait aucune idée.

— Elle viendra. J’en suis certain.

Il ferma les yeux et appuya sa tête contre l’oreiller. Il était frêle maintenant, comme rapetissé. Mais quand il rouvrit ses paupières et la regarda, elle le reconnut, malgré la peau ridée et jaunie, les taches brunes sur les mains flétries, le crâne chauve.

Il semblait écouter la musique, la voix feutrée du vampire Lestat, qui venait de son bureau à elle. Si le bruit l’empêchait de dormir, elle irait baisser le son. Elle ne raffolait pas des chanteurs rock américains, mais celui-là lui plaisait bien.

— Dis-lui qu’il faut absolument que je lui parle ! répéta-t-il soudain, comme s’il reprenait conscience.

— D’accord, papa, puisque tu y tiens. (Elle éteignit la lampe de chevet.) Rendors-toi, maintenant.

— Trouve-la coûte que coûte. Dis-lui... les jumelles ! Dis-lui que j’ai vu les jumelles.

Mais alors qu’elle quittait la pièce, il la rappela d’un de ces gémissements subits qui l’effrayaient tant. Du vestibule illuminé, elle le vit qui désignait du doigt les rayonnages sur le mur du fond.

— Apporte-le-moi, dit-il en s’efforçant de s’asseoir.

— Le livre, papa ?

— Les jumelles, les peintures...

Elle descendit le vieux bouquin, et le lui posa sur les genoux. Puis elle redressa les oreillers et ralluma la lampe.

Son cœur se serra de le sentir aussi léger dans ses bras tandis qu’elle le soulevait, de le voir s’escrimer à chausser ses lunettes cerclées d’acier. Avant de se plonger dans sa lecture, il saisit le crayon, prêt à annoter l’ouvrage comme à son habitude, mais il le laissa tomber, et elle le rattrapa et le plaça sur la table.

— Va l’appeler !

Elle acquiesça d’un signe de tête. Mais elle demeura près de lui, au cas où il aurait besoin de son aide. Dans son bureau, la musique résonnait plus fort à présent – un son rauque, métallique. Il n’avait pas l’air d’y prêter attention. Très doucement, elle ouvrit le livre pour lui et s’arrêta sur la première double page ornée de planches en couleurs.

Elle connaissait ces peintures par cœur. Elle se rappelait, petite fille, avoir gravi avec son père les pentes du mont Carmel jusqu’à la grotte où il l’avait guidée dans l’obscurité sèche et poussiéreuse, balayant les murs de sa lanterne pour lui montrer les figures taillées dans le rocher.

« Là, les deux personnages, tu les vois, ces femmes rousses ? »

Elle avait eu du mal à discerner dans la pâle lumière de la lanterne les personnages filiformes et rudimentaires. Il lui avait été tellement plus facile ensuite d’étudier ce que révélaient si magnifiquement les photos en gros plan.

Mais elle n’oublierait jamais ce premier jour où il lui avait dévoilé une à une chacune des petites compositions : les jumelles dansant sous une pluie de minuscules traits qui tombaient d’un nuage en gribouillis ; les jumelles agenouillées de part et d’autre d’un autel sur lequel gisait un corps plongé dans le sommeil ou dans la mort ; les jumelles prisonnières, debout devant une cour de juges rébarbatifs ; les jumelles s’enfuyant. Puis les peintures abîmées et impossibles à reconstituer ; et enfin, l’une des jumelles pleurant toute seule, avec ses larmes qui coulaient comme la pluie en minuscules tirets de ses yeux représentés eux aussi par des petits traits noirs.

Ces personnages avaient été gravés dans la roche et ensuite colorés de pigments – orange pour les cheveux, blanc crayeux pour les habits, vert pour les plantes qui les environnaient, et même bleu pour le ciel au-dessus de leurs têtes. Six mille ans s’étaient écoulés depuis qu’ils avaient pris forme dans les ténèbres de la grotte.

Et tout aussi anciennes étaient les peintures rupestres quasiment identiques découvertes à l’autre bout du globe, dans une caverne peu profonde creusée presque au sommet du Huayna Picchu.

Un an plus tard, elle avait encore accompagné son père dans ce périple, franchissant les eaux de l’Urubamba, grimpant au flanc de la montagne à travers la forêt péruvienne. Elle avait vu de ses propres yeux les mêmes deux personnages, d’une facture étonnamment similaire bien que distincte.

Là, de nouveau, sur la paroi lisse, étaient gravées les mêmes scènes. Celle de la danse joyeuse des jumelles rousses sous la pluie. Puis celle lugubre de l’autel, détaillée avec une amoureuse précision : un corps de femme était étendu sur la pierre, et les jumelles tenaient chacune un petit plat soigneusement dessiné. Des soldats surgissaient au milieu de la cérémonie, brandissant leurs épées. Les jumelles en pleurs étaient emmenées en captivité. Alors réapparaissaient les juges hostiles et la fuite des prisonnières. Sur une autre peinture, effacée par le temps mais encore visible, les jumelles portaient un nouveau-né, un minuscule ballot avec deux points en guise d’yeux et une touffe de cheveux roux ; puis elles confiaient leur trésor à des mains amies tandis que les soldats les menaçaient à nouveau.

Et enfin, la jumelle toute seule, au milieu des arbres feuillus de la jungle, ses bras tendus, comme si elle tâtonnait à la recherche de sa sœur, le pigment rouge de ses cheveux collé à la roche avec du sang séché.

Elle se souvenait avec précision de la fièvre qui l’avait saisie. Elle avait partagé l’exaltation de son père à l’idée d’avoir découvert les jumelles aux deux extrémités de la Terre, sur ces peintures rupestres, ensevelies dans des grottes montagneuses de la Palestine et du Pérou.

C’était, leur paraissait-il, l’événement le plus important de l’histoire, un événement inégalable. Puis, un an plus tard, on avait exhumé des réserves d’un musée de Berlin un vase orné des mêmes figures, agenouillées, leurs plats à la main, devant le tombeau de pierre. La pièce était rudimentaire et n’était accompagnée d’aucune notice. Qu’importe. Grâce aux méthodes les plus fiables, on avait pu la dater du quatrième millénaire avant Jésus-Christ, et sur ses parois étaient inscrits dans l’antique langue sumérienne récemment déchiffrée les mots qui comptaient tant pour eux :

 

La Légende des Jumelles

 

Oui, tout ceci leur avait semblé terriblement important : l’aboutissement d’une vie de travail. Jusqu’à ce qu’il présente ses recherches.

Ses confrères s’étaient moqué de lui ou l’avaient ignoré. Invraisemblable, un tel lien entre l’ancien et le nouveau monde. Et allez donc, des peintures vieilles de six mille ans ! Ils l’avaient relégué dans le camp des « dingues » avec ceux qui parlaient d’astronautes légendaires, de l’Atlantide ou du royaume disparu de Mu.

Il avait multiplié les débats, les conférences, il les avait suppliés de le croire, de le suivre dans les grottes pour constater par eux-mêmes ! Il leur avait montré des spécimens des pigments, les rapports des laboratoires, les reproductions agrandies des plantes figurant sur les peintures et même des tuniques blanches des jumelles.

N’importe qui d’autre aurait sans doute renoncé. Toutes les universités et les fondations l’avaient éconduit. Il n’avait même plus les moyens de subvenir aux besoins de ses enfants. Pour gagner sa vie, il avait pris un poste d’enseignant et, le soir, il écrivait aux musées du monde entier. C’était ainsi qu’une tablette d’argile avait été découverte à Manchester, et une autre à Londres, toutes deux représentant manifestement les jumelles ! Il avait emprunté de l’argent pour aller photographier ces pièces et publié des articles sur ses nouvelles trouvailles dans d’obscures publications. Il avait poursuivi ses recherches.

Alors était apparue cette femme bizarre et silencieuse qui l’avait écouté, avait examiné ses documents, puis lui avait offert un papyrus, mis au jour au début du siècle dans une grotte en Haute-Égypte, sur lequel était inscrite la même phrase – « La Légende des Jumelles » – accompagnée des mêmes dessins.

« Un cadeau pour vous », avait-elle dit. Et elle lui avait acheté le vase du musée de Berlin. De même que les tablettes anglaises.

Mais elle était surtout fascinée par les peintures péruviennes. Elle lui avait ouvert grand son compte en banque afin qu’il retourne poursuivre ses travaux en Amérique du Sud.

Des années durant, il avait exploré les grottes une à une à la recherche de preuves supplémentaires, enquêté auprès des paysans sur leurs légendes et leurs contes les plus anciens, étudié les ruines des cités et des temples et même les vieilles églises chrétiennes dans l’espoir d’y découvrir des pierres prélevées sur les tombeaux païens.

Mais le temps avait passé, et il n’avait rien trouvé.

L’échec avait été total. Même elle, sa protectrice, lui avait conseillé d’abandonner. Elle ne voulait pas le voir s’épuiser ainsi. Il devrait passer la main à des hommes plus jeunes. Mais il avait refusé d’obtempérer. C’était sa découverte ! La Légende des Jumelles ! Alors elle avait continué à signer des chèques pour lui et il s’était acharné jusqu’à ce qu’il soit trop vieux pour escalader les montagnes et tailler son chemin à travers la forêt.

Ces dernières années, il n’avait donné que de rares conférences. Il ne parvenait plus à intéresser les étudiants à cette énigme, même en leur montrant le papyrus, le vase, les tablettes. Après tout, ces pièces ne s’intégraient réellement nulle part, il était impossible de les dater avec précision. Et les grottes, qui serait capable de les repérer maintenant ?

Mais sa protectrice lui avait été fidèle. Elle lui avait acheté cette maison à Rio, lui avait constitué un legs qui reviendrait à sa fille après sa mort. Son argent avait payé les études de la jeune fille, et tant d’autres choses. C’était étrange, ce confort dans lequel ils vivaient. Comme si, en fin de compte, il avait réussi.

— Appelle-la, répéta-t-il.

Il commençait à s’agiter, griffant de ses mains vides les photographies. Sa fille n’avait toujours pas bougé. Debout à son chevet, elle regardait les planches, les peintures des jumelles.

— D’accord, papa.

Elle l’embrassa et le laissa à son livre.

L’après-midi touchait à sa fin quand, le lendemain, sa fille vint le voir. L’infirmière lui dit qu’il avait sangloté comme un enfant. Il ouvrit les yeux quand elle lui prit la main.

— Maintenant, je sais ce qu’ils leur ont fait, murmura-t-il. Je l’ai vu ! C’est un sacrilège qu’ils ont commis.

Sa fille essaya de le calmer. Elle lui annonça qu’elle avait appelé la femme. Que celle-ci était en route.

— Elle n’était plus à Bangkok. Elle s’est installée en Birmanie, à Rangoon. Mais j’ai pu la joindre là-bas, et elle était contente d’avoir de tes nouvelles. Elle m’a dit qu’elle partait sur-le-champ. Elle veut connaître tes rêves.

Quel bonheur ! Elle allait venir. Il ferma les yeux et enfonça son visage dans l’oreiller.

— Les rêves reprendront après la tombée de la nuit, chuchota-t-il. La tragédie se poursuivra.

— Repose-toi, papa. Jusqu’à son arrivée.

 

Il mourut pendant la nuit. Quand sa fille entra dans la chambre, son corps était déjà froid. L’infirmière attendait ses directives. Il avait le regard vitreux et à demi voilé des morts. Son crayon était posé sur le dessus-de-lit et sa main droite crispée sur un morceau de papier chiffonné – la page de garde de son livre.

Elle ne pleura pas. Immobile un moment, elle se rappela la grotte en Palestine, la lanterne allumée. « Tu les vois ? Les deux femmes, là-bas ? »

Doucement, elle lui abaissa les paupières et déposa un baiser sur son front. Il avait écrit quelque chose sur le morceau de papier. Elle souleva ses doigts rigides et glacés, retira la page et lut les quelques mots griffonnés de son écriture tremblée :

 

Dans la Jungle... Elle marche

 

Qu’est-ce que cela pouvait bien signifier ?

Et maintenant il était trop tard pour joindre cette femme. Elle arriverait sans doute dans la soirée. Tout ce chemin...

Eh bien, elle lui donnerait le papier – peut-être avait-il un intérêt quelconque – et elle lui raconterait ce qu’il avait dit au sujet des jumelles.

 

La Reine des Damnés
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